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Vie

Originaire de Gardanne (France), Isabeau Courduier est une vététiste professionnelle pour le Team Lapierre Zipp Collective. En 2019, elle a remporté les neuf épreuves des Enduro World Series (EWS) avant de devenir Championne du Monde. Elle défend la parité hommes-femmes et fait la promotion du sport comme moyen de réhabilitation pour les survivantes de violences domestiques.

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Vous me connaissez peut-être en tant que pilote professionnelle au sein du Team Lapierre Zipp Collective et évoluant sur le circuit des Enduro World Series (EWS). En réalité, je suis avant tout quelqu’un de simple, passionnée de vélo qui travaille chaque jour dans le but de devenir une meilleure personne tant dans ma vie professionnelle que personnelle. Animée par la volonté de réussir à tous les niveaux, j’ai mené de front un Master en marketing et ma carrière sportive. En 2019, j’ai réalisé ma meilleure saison en remportant le titre en EWS mais avant d’en arriver là, j’ai dû me battre contre quelques démons. Cette année, j’ai un projet qui va au-delà des compétitions et dont j’aimerais vous parler. Mais avant cela, je souhaitais vous expliquer pourquoi ce projet est si important pour moi et ce qu’il signifie.

C’est sans prétention et avec tout mon cœur que je vais livrer un moment de ma vie assez sombre et dont je n’ai jamais parlé auparavant. 

Je suis née un 8 mars et dès l’âge de cinq ans, je savais ce que signifiait la Journée Internationale des Femmes. Non seulement une journée pour célébrer les femmes et leurs accomplissements, mais aussi une journée pour sensibiliser les gens à la parité hommes-femmes et aux droits qu’ils nous restent à acquérir à travers le monde.

Je suis reconnaissante que ma mère m’ait expliqué très tôt que j’avais le pouvoir de changer les choses. 

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J'ai eu la chance de grandir dans une famille qui comprenait l'importance du sport et qui m'a aidé à m’accomplir et permis d’en arriver là où je suis aujourd’hui. Mais le chemin n’a pas été facile. À travers cette opportunité qui m’est offerte je vais partager avec vous un chapitre de ma vie dans l’espoir d’aider d’autres jeunes femmes qui peuvent vivre une situation compliquée.

J'ai commencé les compétitions de vélo de Cross-Country à l'âge de 6 ans. J'ai passé toute mon enfance entre les compétitions le week-end et l’école la semaine, que je relevais comme un défi.

J'étais adolescente quand les choses ont commencé à se compliquer. À l’âge de quatorze ans le membre de ma famille dont j’étais la plus proche et qui était aussi mon modèle a souffert d'une grave dépression à la suite d’un accident. Jusqu’alors je n'avais aucune idée de ce que signifiait une dépression. Je ressentais de multiples émotions allant de la colère à l'incrédulité. Si vous combinez ces émotions avec la pression sociale d’essayer d’être une adolescente « cool », on obtient une jeune femme peu sûre d’elle qui fond en larmes chaque nuit. À cette époque je faisais de mon mieux pour que personne ne puisse voir ma détresse. La seule chose qui trahissait mon état était mes résultats en compétition qui n’étaient plus aussi bons qu’auparavant. J'essayais pourtant de me battre aussi fort que je le pouvais mais les jambes ne répondaient plus. J’ai commencé à perdre confiance et c'est à ce moment-là que mes troubles alimentaires ont commencé. Je n'avais jamais parlé à personne de cette période de ma vie jusqu'à récemment. J’ai gardé ce lourd secret car j'étais sûre qu’en quelques semaines j'aurais résolu le problème. Les mois passaient et rien ne changeait. J’ai commencé à faire des crises, deux à trois fois par semaine, crises durant lesquelles je mangeais de façon incontrôlable et irrationnelle jusqu'à ce que mon estomac me fasse mal, et toujours en cachette. J’étais devenue boulimique.

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Dans l’espoir de compenser toutes les calories que j'avais ingurgitées, je m’infligeais des exercices sportifs intenses parfois même la nuit. Je me sentais désespérée, honteuse et je pensais que je n'étais pas assez forte mentalement. Je continuais à m’entraîner en VTT comme si de rien n'était et je faisais de mon mieux pour convaincre tout le monde que j'allais très bien. Jusqu’à ce que j'éclate en sanglots lors de certaines sorties. À ce moment-là, sans que je n’ai à dire un seul mot, mon entraîneur a compris ce que je traversais et il a eu une phrase qui a changé ma vie : "tu peux continuer de te convaincre que tout va bien, ou tu peux utiliser ce qui ne va pas et en faire ta force". Il m'a appris à respirer et à me calmer quand j'étais submergée par les émotions. Des années plus tard, j'utilise toujours cette technique à chaque fois que j’en ressens le besoin. Comme quoi, parfois il suffit d'une seule personne pour vous aider à reprendre le contrôle. Si mon entraîneur ne m'avait pas aidé à l’époque, il m'aurait fallu beaucoup plus de temps pour sortir de cette situation.

Tu peux continuer de te convaincre que tout va bien, ou tu peux utiliser ce qui ne va pas et en faire ta force.

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Lorsque j'ai compris le message, que je pouvais transformer ma colère, mes insécurités et ma honte en force, cela a eu un impact énorme sur moi. Chaque coup de pédale sur mon vélo était un moyen d’évacuer ces émotions, chaque entraînement avait un effet cathartique. Peu à peu, j'ai repris confiance en moi et sans m’en rendre compte je remontais dans les classements. J'avais encore des crises de boulimies, mais elles ont commencé à se produire de moins en moins souvent. J'avais trouvé une autre façon de laisser aller mes émotions grâce au vélo. J'ai trouvé du réconfort en repoussant mes limites. J'adorais ce sentiment d'être épuisée mais satisfaite de ce que j’avais accompli. J'étais sur le point d'être heureuse et en bonne santé, quand je me suis convaincue que je n'étais pas assez mince pour être une meilleure compétitrice. J'avais seize ans, et deux ans de troubles de l'alimentation avaient laissé des marques. J'étais convaincue que perdre quelques kilos m'aiderait à améliorer mes résultats. J'ai oublié le nombre de régimes que j'ai suivi cette année-là. Et puis je reprenais systématiquement les kilos perdus. Le cercle vicieux était de retour. J'ai cru que telle serait ma relation avec la nourriture, et ce toute ma vie. Je me sentais piégée parce que personne ne savait, personne ne pouvait voir ce que je traversais et personne ne pouvait donc m’aider. 

Un an plus tard, je découvrais l’enduro et ce fut la révélation ! J’ai décidé d’arrêter le Cross-Country pour me lancer dans cette nouvelle discipline. Je ne l’avais pas compris mais j'avais besoin d'un nouveau défi, un nouveau challenge, un rêve à poursuivre. Celui de devenir la meilleure athlète que je puisse être. J'avais un plan, une vision et pour la première fois depuis des années, j'étais convaincue que j'avais ce qu'il fallait pour le réaliser. J'étais extrêmement motivée et surtout j’y croyais enfin. Sans même m'en apercevoir, j'avais de moins en moins de crises de boulimie. Elles ne sont pas complètement derrière moi, j’y travaille encore, mais je sais qu'un jour je les surmonterai.

Finalement, le VTT était là pour moi quand j'en ai eu le plus besoin. Cela m'a appris à transformer ma colère, et mes douleurs, en force : un coup de pédale à la fois, mètre après mètre.

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J’ai toujours voulu remercier le sport pour ce qu’il m’a apporté afin que d'autres personnes puissent en profiter à leur tour. Un jour, j’ai eu l’opportunité d’aider des femmes à se reconstruire grâce au VTT. Cela à commencer en 2018 quand j'ai rencontré Nathalie, la co-fondatrice d'une association française appelée Fifty Fifty, en référence à la parité hommes-femmes. Elle m'a dit qu'elle croyait que le sport était un moyen de guérir et d'aider les femmes victimes de violences domestiques à ouvrir un nouveau chapitre de leur vie, même si ce n’était pas mon cas je savais que je pouvais aider. C'était le début de notre aventure. Nous avions toutes les deux cette volonté de poursuivre une quête pour aider les femmes en difficulté. J'ai donc décidé de rejoindre leur programme et de m'engager à les aider pour donner vie à ce projet. Je crois qu'agir vaut plus que de belles paroles. Notre but est de sensibiliser la population aux problèmes de violences domestiques et aux inégalités bien trop nombreuses, mais aussi de faire prendre conscience que plus que jamais, la guérison est possible. C'est avec cette idée en tête que l'association a créé ce programme de reconstruction. Mon rôle dans ce projet est d'être coach, ambassadrice et d’accompagner des femmes à chaque étape. Rejoindre cette aventure m'a beaucoup appris et chaque jour j'en apprends davantage. Je ne pourrai jamais comprendre ce que ces femmes ont vécu mais je peux simplement faire de mon mieux pour les encourager, les soutenir et les accompagner pas à pas.

Ce programme vise à initier les femmes au VTT et au sport en général. Si vous avez déjà fait du vélo, vous avez sans doute ressenti ce regain de confiance et ce sentiment d’accomplissement à chaque nouveau progrès. Le vélo permet de se reconnecter à son corps et à son esprit, mais aussi à la nature. Il instaure une nouvelle dynamique où l’on va de l’avant et où l’on réapprend l’estime de soi. Le programme est conçu pour que les femmes se sentent à l'aise, en confiance et en évoluant à leur rythme. Le VTT est une communauté amicale et nous croyons que c'est le bon outil pour que ce programme se réalise.

Le vélo est une allégorie de la vie. Un coup de pédale à la fois, nous avançons. Ça monte, ça descend, mais en gardant de l'élan, on avance.

Le vélo est une allégorie de la vie. Un coup de pédale à la fois, nous avançons. Ça monte, ça descend, mais en gardant de l'élan, on avance.

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SRAM est fier de faire un don de 5000 dollars à l’association Fifty Fifty au nom d'Isabeau, en l'honneur de son écrit pour la Journée Internationale des Femmes :

 « Fifty Fifty est une association française qui vise à sensibiliser la population contre les violences domestiques et à aider les femmes à les surmonter. L'objectif principal de l'association est de soutenir des programmes de réhabilitation par le sport. L'association a été créée par Nathalie Grubac et Christian Douchement et de nombreux athlètes se sont mobilisés pour la cause comme Carole Montillet (Française, Championne Olympique de ski), Isabelle Joschke (navigatrice franco-allemande), Yves Le Blevec (navigateur et skipper professionnel), et Eric Baronne (Recordman de vitesse en VTT) pour n’en citer que quelques-uns. L’association proposait déjà des programmes de réhabilitation par le biais de sports comme le ski et la voile. Lorsque j’ai rejoint l’association, c'était au moment précis où ils voulaient intégrer le VTT au programme. J'ai eu la chance de rencontrer Nathalie au Vélo Vert Festival l'année dernière, et en moins d'une heure, j’ai non seulement rejoint l'association mais je me suis pleinement engagée à lancer le programme. J'ai toujours cherché un moyen de faire du bien à travers mon sport et je savais que c'était le programme parfait ! Nous savons tous à quel point le vélo est un moyen d’atteindre ce sentiment de liberté tout en étant capable de faire des efforts, et je veux partager cela. »

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